C'est dans mon bain, que j'imaginais le mieux, notre première vraie rencontre.
Je ne l'avais pas vu connectée, depuis mon retour.
Elle usait et abusait, certainement, de multiples avatars, pour s'assurer une certaine tranquillité et assouvir les
desiderata de l'homme qu'elle aimait, au point de s'effacer.
Notre première vraie rencontre, eut lieu sur mes îles, lors de leur inauguration.
Ses maladresses à se mouvoir m'attendrirent, parce qu'elle ne cessait de s'en excuser.
Mais c'est lorsqu'elle parla que je compris que nous étions soeurs d'arme. Sa voix portait les stigmates de ses
douleurs passées et présentes.
J'avais envie de la prendre dans mes bras et simplement lui dire que j'étais là.
Bien sûr, je ne le fis pas, parce que c'était des mots et des gestes intimes que je ne pouvais faire devant
témoin.
Puis le temps passa et nous nous rencontrions de temps lors d'événements ou d'essai de projet commun. J'entendis
rarement sa voix, où alors dans un contexte trop public pour que j'y retrouve les sonorités qui m'avaient tant émues.
Il n'y avait rien de sexuel, dans ma démarche initiale, plutôt une envie de lui donner de la tendresse, de passer
des bons moments pour qu'elle oublie un temps ses douleurs.
Comme un certain nombre, de résidente francophone, de 2007, elle avait été une des maîtresses de David. En général,
lorsque j'entendais un nom, cela me faisait sourire parce qu'au regard du nombre de kilométrage au compteur de ces chères dames, j'apparaissais comme une jeunette et mettait un peu à mal, la
réputation de cougar que certaines d'entre-elles avaient laisser courir ou propager à mon encontre. Certes, la jeunesse de David avait des attraits, mais c'est surtout notre gémellité dans nos
pratiques et fantasmes sexuels qui nous avez réuni.
David avait la fâcheuse habitude de proposer, à mes amies, des jeux à plusieurs, sans me demander au préalable mon
avis. Fâcheuse, parce que c'était, bien souvent des amitiés construites, sans considération sexuelle, aucune.
Personnellement, je n'aime pas introduire dans une relation strictement amicale entre femme, une connotation
sexuelle, en dehors de confidences. Mes amies ne m'attirent rarement. Je crois que j'ai trop peur de perdre les confidentes et celles avec qui j'échange mes points de vues sur ce qui nous unit,
nos quotidiens de femmes.
Certes des amitiés peuvent se construire sur une relation, uniquement sexuelle, mais l'inverse, sauf rares
exceptions, d'autant plus lorsque les sentiments amoureux sont fort, risque d'être destructeur.
Je la connaissais peu et nous n'avions pas pu construire de fait, une réelle amitié, plutôt pour ma part, un
plaisir de la croiser ou de lui passer de temps en temps un bonjour poli et bienveillant.
Alors, lorsque David lui avait proposé une rencontre plus intime et qu'il m'avait fait part de son accord, pour une
fois, je ne dis pas non.
L'idée de l'entendre jouir, de lui faire du bien, sous nos caresses, m'inspirait beaucoup.
Mais les aléas de nos vies, ne nous avez pas permis, d'aller plus loin que l'évocation de la rencontre.
Aujourd'hui, je me dis que ce rendez-vous manqué était une chance : les prémices de notre liaison ne seront pas
faussés par la présence d'un tiers.
J'avais envie de la découvrir à mon rythme, pour une fois doucement, pour mieux comprendre ses désirs les plus
enfouis et surtout que nous puissions les assouvir ensemble.
Comme moi, elle était une blessée de la vie, et elle connaissait encore, il me semblait, les chaînes
qu'insidieusement l'amour emprisonnent dans les plaisirs de l'être aimé.
L'amour qui ne nous permet pas d'être complètement libre et de jouir sans aucune retenue...